Comme le temps passe vite. Voilà 20 ans, je débutais la guitare. j’en ai aujourd’hui 41. Pas un boomer mais presque. Fébrile et un peu hésitant, j’allais donc chez le vendeur de grattes du quartier, sans même avoir fait de réelles recherches sur le bon instrument adapté à mon niveau, quel punk !
Au final, ces 20 ans me font dire que commencer la guitare a été un des meilleurs choix de ma vie. L’occasion aujourd’hui de pondre un petit article pour faire le point et réfléchir aux trucs chelous que j’ai fait, pourquoi c’était des erreurs et pourquoi finalement, j’ai adoré les commettre avec le recul.
1- Débuter avec une guitare classique premier prix
Mais quelle idée ! Une guitare classique c’est gros et épais, les barrés sont durs à appliquer, ça ne permet pas de jouer tous les styles de musique, il n’y a pas de pan coupé donc les accès aux notes algues sont difficiles… ET puis un premier prix… franchement… ça se désaccorde sans cesse, le son est mou…
Et bien en fait, je joue encore aujourd’hui sur ma guitare classique premier prix. J’ai une guitare électrique Fender assez chère, une acoustique… et je passe 99% de mon temps sur ma guitare classique à 70 euros de chez Yamaha et ses cordes nylon. Je l’aime plus que que je n’aime aucun autre objet en ce bas monde.
Les barrés ? Finalement on s’y fait et une fois rendu sur une électrique, ils sont encore plus faciles à poser (qui peut le plus peut le moins quoi). Les cordes nylons : ça ne nique pas les doigts et c’est très agréable au contact. Finalement je joue du jazz, du blues, du rock, de la pop… et ça passe très bien sur une classique… et un vrai bon joueur pourrait tout aussi bien jouer du métal et ca irait très bien.
En résumé, il n’y a pas de mauvais outil, il n’y a que de mauvais ouvriers.
Et, au fil des ans, ma Yamaha premier prix fait le taff. Aucun problème à signaler. Elle en a connu des vertes et des pas mûres. Elle a des pocs de partout. Mais avec une gratte à 70 euros, je n’ai aucun stress à la déplacer partout avec moi, même pas besoin de housse, je l’accroche sur mon dos avec la sangle en bandoulière et en voiture Simone.
Finalement, le plus important c’est de se lancer, peut importer le prix de l’instrument (du moment que c’est un produit de bonne réputation hein, je parle pas non plus d’aller utiliser une gratte à 15 euros achetée sur Wish !). C’est pas un article sponso pour Yamaha, mais question rapport qualité prix, ils sont dans la place.
2- Ne pas tout de suite jouer en groupe
Rien de tel que de jouer en groupe pour progresser plus vite. On rencontre des potes, on s’amuse, on kiffe la présence d’un public et ce petit stress juste avant le début du concert (si concert il y a).
Et bien, j’ai attendu 15 ans avant de jouer en groupe, et je ne le regrette pas une seconde. J’étais bien chez moi, posé dans mon canapé à faire mes gammes, à pester contre une tablatures rédigée avec les pieds, à faire des solos que mes voisins ont dû détester sur des vieux disques de Clapton ou de Bonamassa dont j’essayais de reproduire les riffs ou des backing tracks YouTube… le kiff quoi ! Une heure passe comme 5 minutes.
Alors ok, jouer en groupe avec un public c’est un gros kiff. Une sensation unique mais je l’ai plus appréciée avec un bon entrainement derrière moi. Même si je loupais une reprise, je raccrochais au moins les wagons sans stresser plus que ça. Si j’oubliais une grille, ben, je jouais un genre d’impro simplifiée et voilà. No stress, que du bonheur.
Au final, j’ai envie de dire, faites comme ça vous chante. Ruez vous sur un groupe tout de suite ou attendez 30 ans, peu importe mais au final, essayez quand même de jouer un peu avec des potes et devant un public c’est vraiment top.
3- Ne jouer que du blues
J’ai toujours adoré le blues. Mon père en écoutait des wagons entier à longueur de journée : John Lee Hooker, BB King surtout. Quoi de plus normal que de vouloir en jouer. Mais de là à ne jouer QUE ça ! Quel dommage de se cantonner à un style, ça freine la progression. Surtout que le blues c’est en apparence assez redondant, non ?
Et ben.. non, pas du tout. Slow blues, blues rock, blues jazz, blues manouche (oui, oui ça doit exister ça), blues façon BB King, blues boogie façon JL Hooker, blues virtuose façon SRV, blues posé façon Clapton… il y a de quoi remplir une vie, en tout cas la mienne.
Aujourd’hui, je joue un peu de bossa, un peu de standard français façon bluesy, même des cantiques et du gospel, même des génériques d’animés japonais façon blues 😀 et je m’amuse comme un petit fou. Bon ok, je fais un peu de folk, de variétoch (je suis trop fan de Goldman pour le laisser de côté) ou de zouk histoire de varier les plaisirs mais j’y glisse toujours une penta bien sucrée promis !
Donc au final, jouez ce que vous avez envie de jouer, ne jouez que du rap si vous aimez ça, que des contines pour enfants… le principal c’est de jouer ! Vous ne polluez pas, vous ne faites de mal à personne… le bonheur non ?
4- Ne prendre des cours de guitare que par intermittence
Un vrai intermittent du spectacle. j’aurais fait bien plus de progrès si j’étais resté fidèle à mes profs de guitare. 2 heures par semaine minimum pour m’améliorer, travailler la régularité, bosser l’harmonie, le solfège, corriger ma positions sur le manche, être moins crispé… C’est sûr qu’avec un prof, tu fais des progrès, une vraie dinguerie ! Je ne peux que recommander à un débutant de prendre un prof, pas de doute là dessus.
Par contre, j’ai au final passé beaucoup plus de temps sans prof qu’avec. Disons environ 4 ans de cours pour 16 ans solo. Et pas d’affilée, juste quand il le fallait. Pour reprendre confiance, retrouver l’envie d’avoir envie, découvrir autre chose parfois. Un bon prof débloque toujours un truc pour franchir un palier… mais ensuite, je pouvais jouer 3 ans sur mes réserves juste à faire mumuse avec mes nouveaux jouets harmoniques.
Au final, oui j’aurais plus progresser plus vite… mais pourquoi ? Ce n’est pas une compétition. A partir du moment où je me fais plaisir, c’est le principal, même si c’est avec des moyens techniques limités.
5- Avoir arrêté de jouer pendant 2 ans
Suite à un accident de plongée, j’ai perdu une partie de l’audition de mon oreille droite. Pire, depuis j’ai des acouphènes permanents (un sifflement aigu perpétuel). Ca ne m’a plus jamais quitté. Au début j’étais tellement déprimé que j’ai arrêté de jouer de la guitare tout simplement. Le moindre bruit un peu appuyé me faisait souffrir le martyr.
Ca a duré deux ans. Et puis un jour je m’y suis remis pour pouvoir dépanner un petit groupe quand leur guitariste avait un empêchement. Et j’y ai repris goût petit à petit. Et un beau matin, revoilà les tutos YouTube et les tablatures et revoilà le plaisir. Mon oreille allant mieux, j’ai aussi recommencé à écouter de la musique et même à prendre un abonnement Spotify.
Alors, fut-ce une erreur que d’arrêter de jouer aussi longtemps ? Je crois que non. Ce fut simplement une double année sabbatique musicale et ça fait un bien fou. On redémarre ensuite avec une énorme envie. J’ai même l’impression que j’ai redémarré plus fort qu’avant, une sensation inexplicable. La guitare m’appelle, elle me démange alors je gratte un petit peu.
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