Vous avez peut-être déjà vu cette image intrigante : un guitariste tenant un archet à la main, prêt à faire chanter les cordes comme sur un violon. L’idée paraît étrange, voire incongrue, et pourtant, elle a conquis plusieurs musiciens au style audacieux. Alors, est-il réellement possible de jouer de la guitare avec un archet de violon ? La réponse est oui, avec quelques nuances à connaître.

Déjà… Est-il possible de jouer de la guitare avec un archet de violon ?

Contrairement au violon ou au violoncelle, la guitare a des cordes posées sur une touche plate. C’est là que réside la principale difficulté : l’archet, conçu pour frotter une corde isolée sur une touche bombée, peine à faire vibrer une corde précise sur une guitare.

Il est donc quasiment impossible de jouer chaque corde individuellement à l’archet – sauf peut-être les deux cordes de mi – mais il reste tout à fait possible d’obtenir un effet de bourdonnement ou même de produire des accords en frottant plusieurs cordes en même temps et en plaquant l’accord de la main gauche.

Mais pourquoi diantre vouloir jouer de la guitare avec un archet ?

L’intérêt principal est d’ordre sonore.

En remplaçant le médiator par un archet, le guitariste crée un sustain aérien, presque fantomatique, qui évoque la texture d’un quatuor à cordes. C’est une manière originale de redécouvrir son instrument, de produire des sonorités inattendues et de surprendre le public comme l’auditoire.

Cela ouvre la porte à des ambiances planantes, à des effets psychédéliques ou cinématographiques – et pourquoi pas à un solo envoûtant entre deux riffs bien rock.

Quelques musiciens connus pour jouer de la guitare avec un archet

Impossible de parler de cette technique sans citer Jimmy Page, le légendaire guitariste de Led Zeppelin. Dès la fin des années 60, il brandit son archet sur scène pour faire rugir sa Gibson Les Paul, notamment dans le morceau « Dazed and Confused ».

Eddie Phillips, membre du groupe The Creation, fut pourtant l’un des premiers à oser cette approche, quelques années avant Page. Lui aussi utilisait l’archet pour donner une nouvelle vie aux sons saturés de sa guitare électrique.

Chez Genesis, c’est Steve Hackett qui s’y est essayé, notamment en live, pour étirer les notes à l’infini. Et dans un registre bien différent, les Islandais de Sigur Rós, avec Jónsi à la guitare, ont fait de cette pratique une véritable signature sonore. À coup d’archet, ils créent un halo musical aussi glacé que lyrique.

Quel type de son obtient-on ?

Avec un archet, la guitare devient un tout autre instrument. Le son se prolonge, les attaques disparaissent, laissant place à un flux continu. Cela rappelle parfois les nappes d’un synthé, ou les pleurs d’un violoncelle mal luné.

J’ai toujours trouvé cet instrument incroyable charnel (presque sexy si vous me passez le mot) et versatil pour jouer jazz ou classique et même pop. L’archet ne fait qu’accentuer cette dimension sensuelle et expressive.

Comment choisir son archet de violon ou de violoncelle ?

Tout dépend de l’usage prévu. Pour une guitare électrique, privilégiez un archet léger et maniable, en fibre de carbone ou en bois souple. La tension du crin est aussi un point à surveiller : trop lâche, il glissera ; trop tendu, il accrochera sans finesse.

Sur une guitare acoustique, il faudra davantage de précision. Il existe même des modèles pensés spécialement pour cela, comme le mini archet monté sur un médiator. Ce type d’archet hybride offre un bon compromis entre friction et contrôle.

Pour une sélection plus classique d’archets, vous pouvez consulter cette ressource : https://www.violon.com/violon/archet-violon.html

Autre option à envisager : le Guitar Bow. C’est un outil original, constitué d’une structure en aluminium chromé ultra-résistant, avec une poignée en plastique matte intégrant un petit médiator. Il permet de passer du frotté au gratté sans changer d’outil – pratique quand on veut alterner les effets.

Quelques contraintes à prendre en compte

L’usage de la colophane est indispensable : c’est cette résine qui permet au crin de l’archet d’adhérer aux cordes. Sans elle, aucun son ne sortira. Mais attention, la colophane peut abîmer les micros ou la table d’harmonie si elle est mal nettoyée. Pensez à protéger votre guitare si vous l’utilisez régulièrement avec un archet.

Le choix des cordes a aussi son importance. Des cordes lisses et peu texturées fonctionneront mal. Mieux vaut opter pour des cordes filées, offrant plus de prise au crin.

Et si vous testiez aussi le violoncelle ?

À force de frotter des cordes, pourquoi ne pas franchir le pas ? Le violoncelle a une sonorité chaleureuse, profonde, presque humaine. L’approche est certes différente, mais la gestuelle de l’archet – tenue, pression, trajectoire – présente des similitudes avec celle utilisée sur une guitare dans ce contexte.

Évidemment, les repères sont différents : pas de frettes, une position de jeu assise, et un manche vertical. Mais certains guitaristes trouvent dans le violoncelle un prolongement naturel de leur expressivité. Après tout, le son passe par les doigts, pas par le manche. Et si l’envie vous prend de jouer Debussy le lundi et du post-rock le vendredi, ce n’est pas cet instrument qui vous en empêchera.