[Interview] Yvan Guillevic : rock progressif et fier de l’être !

par | 11 Sep 2011 | Disques

J’ai eu la chance de m’entretenir sur Skype avec Yvan Guillevic guitariste et producteur du disque « PYG ». Passé par la voie « royale » des Majors, il en est revenu pour garder son indépendance musicale. Je vous livre donc l’interview/conversation ci-dessous.

PYG est un album rock mélodique, progressif bien pêchu qui devrait plaire aux amateurs de guitare. C’est également un album riche et subtil qui plaira aux plus exigeant d’entre vous. Il est en écoute sur Spotify ici.

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BQG: Salut Yvan ! Alors dis-moi, ca représente quoi comme durée de taff un album comme PYG ? Disons des premières ébauches jusque la galette sous presse ?
Yvan Guillevic: Salut Guillaume, c’est l’équivalent de 2 mois d’écriture ensuite maquettage, ensuite enregistrement et mixage j’ai fini en janvier donc 7 mois .

BQG: je crois que tu fais la guitare, l’enregistrement et le mixage toi même ?
YG: Oui je préfère tout faire. J’ai commencé sérieusement la guitare vers 16 ans, j’ai bossé pour ensuite devenir prof de guitare et en parallèle je me suis très vite intéressé à la compo et au son MAO, j’ai commencé sur Atari il y a bien longtemps !

BQG: parlons un peu matos, côté guitare… j’ai cru comprendre que c’est pas trop ton trip d’acheter tout le temps de nouvelle Stratocaster ? (NDLR : référence faite à un des morceaux de l’album)
YG: Non ! j’en ai une seule depuis 11 ans ! j’achète de temps en temps de guitares mais finalement il ne me reste que ma VAI (Jem) ma Tokai LP et ma Strat.

BQG: On peut entendre tout ça sur le disque ?
YG: Oui les 3 ont travaillées dessus pour les rythmiques et pour les solos c’est la Jem et la strat

BQG: Quel modèle de strat ?
YG: Une US standard (c’était le nom à l’époque) de 96, j’ai changé souvent les micros pour finalement lui coller une plaque EMG SL20

BQG: tu bricoles donc pas mal tes instruments ?
YG: Un peu je change souvent les micros, il n’y pas pas une seule de mes guitares avec les micros d’origines. Le problème c’est d’allier un instrument efficace en studio ET sur scène et en plus qui soit polyvalent car j’ai pas envie de changer 12 fois de guitare sur scène, donc faut chercher le couple micro/guitare qui fonctionne car je joue pas mal de styles différents ! Et l faut qu’elle me plaise au niveau look. Sur scène faut être fier de sa guitare !

BQG: sur scène justement, tu joues combien de temps en tournée ?
YG: en moyenne 2H15. J’aime pas les sets courts ! Et je joue souvent avec Empty Spaces, le tribute Pink Floyd, pour PYG les titres sont rallongés et on joue 3 reprises en plus. Mes solos oui ainsi que ceux du claviers 😉

BQG: combien de musiciens participent-ils au disque ?
YG: Sur End of the world 5 musiciens et chanteurs, c’est à dire basse,drums,claviers et Morgan et Nelly au chant. Sur scène on rajoute John a la guiatre rythmique.

BQG: tu es musicien professionnel ? Ou alors tu dois faire des jobs à côté ?
YG: Je vis de ma guitare et la musique depuis longtemps que ce soit par les concerts, le studio ou les cours.

BQG: ok donc 100% guitariste professionnel, bravo pas facile !
YG: Non même super dur !

BQG: quand tu dis le « studio », tu veux dire que tu es propriétaire de ton propre studio ? d’autres groupes y passent ?
YG: Oui j’ai mon studio à la maison et de temps en temps je vais jouer pour d’autres musiciens. Pour PYG, chacun enregistre ses parties et je travaille derrière. Mon studio n’est pas assez grand pour prendre tout le monde !

BQG: A la fois producteur et musicien, tu équilibres comment ? Au niveau artistique j’entends ?
YG: Ca se fait très naturellement car je sais ce que je veux obtenir comme résultat avant de commencer à produire, je ne pars pas à « l’aventure », je réfléchis a un projet et une fois que j’ai « trouvé » l’idée ou le concept je commence à écrire et produire.

BQG: alors justement, pourquoi « projet PYG ». C’est plus qu’un projet à ce stade 🙂
YG: Parce qu’au départ c’était un projet en plus car j’ai toujours plusieurs trucs en même temps (par exemple Empty Spaces et BBB en ce moment en plus de PYG) et c’est aussi un clin d’oeil à tous ces groupes que j’aime genre Alan Parsons Project, Micheal Shenker Group etc. Et comme je n’avais jamais fait de projet sous mon  nom c’était aussi l’occasion de montrer une autre facette de mes gouts musicaux.

BQG: et quel était ce fameux projet du coup ? quelle était ta vision du rendu final ?
YG: je voulais retrouver mes racines musicales de teenager, la musique qui m’a amené justement vers la musique. Et les artistes qui me plaisait c’était plutôt du rock progressif avec les Pink Floyd , Yes, Marillion etc et les groupes de hard-rock comme Iron maiden, AC/DC, Judas Priest etc etc j’ai mis mes « racines » blues de coté pour ce disque. je voulais un crossroad de toutes ces influences.

BQG: c’est plutôt réussi je dirais, on sens clairement l’influence rock mélodique/progressif mais commercialement c’est pas un choix facile, non ?
YG: L’aspect commercial ne rentre pas franchement en ligne de compte dans mes choix artistiques, je pense que si on se fait vraiment plaisir et qu’on est sincère on trouve un public !

BQG: bizarre, je me doutais de cette réponse, mais disons que si en plus on rencontre un succès commercial tout en faisant de la zic qu’on aime sincèrement, c’est un bonus… non négligeable 😉 et forcément avec du prog, c’est plus dur qu’avec du bon gros rock… alors à quand un album de dance house ! 😉
YG: Bien sur ! je serai absolument ravi de rencontrer un gros succès mais ça ne conditionne pas mes projets et de la dance house justement j’en ai fait et j’ai été signé sur des majors avec des titres au hit extra club etc. je connais bien le système 😉

BQG: Je savais que tu étais passé chez des Majors mais je pensais plus à un disque de rock !
Yvan Guillevic: J’ai été contacté par un label de house/deep house il y a une dizaine d’années, des mecs très talentueux et on a sorti une demi douzaines de singles qui ont diversement ponctionnés, on a eu des titres en synchro sur des campagnes de pub etc. mais on s’est fait « tué » par les Majors avec lesquels on travaillait, depuis j’ai compris qu’il fallait faire ce qu’on a envie sans écouter les soi-disants « pro » et que la course au tube ça va juste dans me mur et rien d’autre.

BQG: comment ça « tuer » ?, musicalement, pour la créativité tu veux dire ?
YG: Coulé commercialement, signé pour être enterré afin de faire place nette pour leur favori (qui du coup à pris lui aussi un mur) alors qu’on étaient déjà dans les tops français et européens. Bref une boucherie avec en plus des contrats qui te bloquent etc.Et oui on te rejette des titres en te disant « fais  plus ça tu vois ou ça, souvent des conseils de vendeurs de bagnoles..) bref mauvaise périodeDonc depuis j’applique ma devise (RAF) Rien a foutre !Il existe surement de bons professionnels dans ce milieu mais ils sont tellement à la ramasse depuis l’internet qu’ils s’affolent et font à peu près n’importe quoi !

BQG: donc aujourd’hui, tu as signé sur un label indépendant ?
YG: Je ne signe que la distribution, je reste producteur propriétaire de mes oeuvres !

BQG: ok et pour les concerts ? Tu t’organises comment ?
YG: Je boche moi même pour l’instant mais j’espère trouver un bon tourneur rapidement, c’est assez difficile de tout faire en même temps !

BQG: une tournée prévue en France ? Au hasard, à LYON !!! ?
YG: Je travaille dessus, j’ai des pistes sérieuses mais rien de signé pour l’instant ! Mon actu concert de cette fin d’année c’est surtout le concert avec BBB !

BQG: parlons un peu de l’album, les textes sont « engagés », autour de l’écologie, de l’anti-consumérisme, pourquoi ce choix ?
YG: C’est pas vraiment un choix, c’est venu comme ça directement j’écrivais autour de ce thème qui je l’avoue me tient à coeur. Je pense que l’humanité est vraiment folle alors qu’on trouve tellement d’humains intéressants et intelligents, c’est surprenant quand même comme si peu de brebis galeuses peuvent mettre le monde a feu et a sang !

BQG: tu es un peu le Yann Arthus Bertrand de la musique du coup
YG: J’ai pas d’hélico !

BQG: mais une guitare, ça pollue moins et pour passer un message c’est plus efficace ! 😀
YG: C’est un thème qui touche beaucoup de gens, on en a marre de ces conneries de capitalisme à tout crin ou on ne produit rien que de l’argent pour quelques nantis !

BQG: exact mais difficile de faire la part des choses quand le marketing est absolument partout, toujours là pour créer des besoins. Difficile de rester dans le monde, sans être déconnecté des médias et donc de la pub.
YG: Exactement !

BQG: beaucoup plus de relations humaines c’est une des clefs sans doute…
YG: Oui et pour un musicien ça passe par la scène et qu’on parle sur le net en tchat ou par téléphone l’essentiel c’est de communiquer 😉

BQG: qu’est ce qui ta donné cette prise de conscience essentielle ?
YG: Il suffi de regarder la télévision chaque jour ou d’ouvrir un journal pour constater l’étendue des dégâts ! Entre les médias qui relayent 3 infos en boucles et les gars eux t’expliquent que le nucléaire c’est super alors qu’il y a des milliers de gens qui vont mourir, tout n’est qu’indécence. Je ne parle pas de la télé réalité (jamais compris ce nom puisque c’est du faux de A a Z ) et tu comprend qu’on essaye quand même de tirer les gens vers le bas . C’est un choix je te dis 95% de conneries et 5% d’alibi

BQG: comment arrives tu à contrôler ton GAS ? 😀 (NDLR : Guitar Acquisition Syndrome)
YG:J’ai un GAS très modéré car le réfléchis toujours avant d’acheter, donc pas de crise 😉

BQG: j’aimerai aussi écrire des paroles mais je ne trouves pas d’angle. Quel conseil tu peux me donner ?
YG: Déjà lire énormément en essayant de comprendre pourquoi c’est bien narré 😉 Après je ne sais pas je ne me pose pas vraiment de questions, j’écris c’est tout et j’essaye en plus de trouver des phrases qui « sonnent » musicalement.

BQG: Yvan merci pour ta participation à cette interview. Dernière question comment se vend l’album ?
YG: Bien ! Nous sommes référencé à la Fnac, Leclerc, sur Spotify etc… On espère une réédition du CD d’ici peu.
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Retrouvez également Yvan sur son site PYG.

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