[Review] Concert d’Amar Sundy et Eric Bibb au Parc floral de Vincennes le 25 juin 2010

par | 21 Juil 2010 | Artistes, Concerts, Guitare

Il y a 3 semaines, j’ai profité d’un concert organisé dans le cadre du Paris Jazz Festival. Il y avait à l’affiche ce jour là, deux concerts alléchants. Tout d’abord Amar Sundy et son trio qui ouvrait le bal pour la tête affiche du jour Monsieur Eric Bibb.

Je n’ai malheureusement pas pu profiter comme je le voulais du concert d’Amar Sundy car la circulation était intense et les places de parking rares aux abords du parc floral de Paris (qui se trouve à Vincennes en fait). Je ne suis donc arrivé que pour les quatre dernières chansons de notre bluesman national. Les deux premières chansons que j’ai pu voir étaient des instrumentaux à la fois blues et world. En effet, Amar Sundy comme son nom en référence de barres de confiserie ne le dit pas, est d’origine nord-africaine. Tous ses disques sont donc fortement empreints de consonances arabisantes et world, ainsi que de blues pur jus. Amar a alterné sur ces deux chansons guitares électrique et acoustique avec le même bonheur, même si la l’acoustique ne lui permet pas toute la palette d’expression du jeu du guitariste électrique (bend, distorsion et effets divers).

Mais la bonne surprise de cet après-midi est arrivée quand Joe Louis Walker est monté sur scène pour faire le boeuf avec lui sur deux chansons. Pour le coup, cette fois ça jouait vraiment blues. Joe Louis Walker était dans une bien meilleure forme que la dernière fois que je l’ai vu dans le cadre du festival blues sur le zinc à Beauvais. Les deux compères ont alterné chants et soli et se faisaient de petits duels de questions-réponses. Une manière bien agréable de terminer ce set.

Concert Eric Bibb et Amar Sundy 05

Pour parler matos, Amar jouait en trio ce jour là, guitare, basse, batterie, avec un percussionniste en guest qui jouait du djembe. Quant à son matériel, il jouait sur une acoustique Martin (une dreadnough ) et sur une Telecaster branchée dans un amplificateur Fender .

Mais pour être tout à fait franc, je ne m’étais déplacé en ce dimanche ensoleillé dans le magnifique parc floral de Paris (je vous recommande d’ailleurs la balade si vous ne le connaissez pas) que pour écouter Eric Bibb, dont le dernier album m’avait littéralement enchanté.

Concert Eric Bibb et Amar Sundy 07

Et bien je n’ai absolument pas été déçu, ce concert était même au-delà de mes espérances. Je m’attendais à voir Eric seul avec sa guitare acoustique, et en fait c’est un groupe presque digne des Blues Brothers qui s’est présenté à nous vous (à l’heure dite à la minute près je n’avais jamais vu ça). Je dis Blues Brothers mais je devrais plutôt dire Men In Black, car les musiciens qui accompagnaient Éric ce jour-là étaient tous élégamment vêtus de noir. Mais pas d’extraterrestre en vue. Il y avait là un batteur avec sa batterie, un bassiste avec sa contrebasse électrique et surtout un guitariste armé d’une Telecaster noire magnifique branchée dans un ampli Fender The Twin (celui avec le boutons rouges, pour les spécialistes). Et contre toute attente le set que ce groupe improbable nous a délivré penchait énormément vers la country. C’était donc un peu le fil rouge de ce concert, les petits licks à la télé en son clair, les effets de pédal steel et les délais slap back. Il ne manquait par moment que les stetsons et les santiags. Mais le blues était loin d’être oublié car les racines d’Éric Bibb, elles viennent de là, elles viennent du blues, comme le dit notre grand poète national belge (Dieu est son âme, à non merde il est encore vivant …). La setlist du concert, qui a duré une bonne heure 40, était composée pour moitié de titres extraits du dernier album d’Eric, Booker’s Guitar et pour moitié de chansons de ses anciens albums.

Concert Eric Bibb et Amar Sundy 06

La touche électrique apportée par le groupe et surtout par la guitare donne une toute autre atmosphère aux chansons de l’album que j’avais bien dans les oreilles. Différentes, mais pas moins bien toutefois. C’est assez marrant de voir comment on peut changer l’atmosphère d’une chanson simplement en ajoutant un autre instrument. Il faut dire aussi que ce guitariste était particulièrement bon. Bon techniquement mais aussi de bon goût et il n’en a jamais trop fait, sauf quand il sentait que le public était bien chaud et en demande de show. D’ailleurs, en tant que guitariste, il est marrant de voir comment un public peut être retourné par un instrumentiste avec ce qui est le plus basique d’un point de vue technique. Plusieurs fois lors de ses soli, le guitariste électrique est un peu parti en live et était applaudi de manière éhontée par le public sur des plans super bateau (genre à la Chuck Berry), alors que ce même public restait de marbre quand il passait des plans country de la mort avec un grand sourire.

En parlant de sourire, je n’ai jamais vu quelqu’un rester souriant comme Eric Bibb du début à la fin d’un concert, quand on est derrière instruments ou le micro. Ce gars a gardé la banane aux lèvres pendant tout le temps qu’a duré son set. Incroyable. Et lui non plus n’est pas en reste pour retourner la salle. Il a fait d’ailleurs participer les spectateurs en les faisant chanter, taper des mains et même en danser. Grande leçon de showman en direct. Tout ça avec la classe, la bonne humeur et un énorme sourire bien entendu.
D’ailleurs, je n’ai pas été le seul spectateur comblé par le concert ce jour-là, car l’après-midi s’est terminé en standing ovation sur la dernière chanson et le rappel.

Pour finir en parlant d’Eric, il n’a joué que de la rythmique tout au long du concert, pas un seul chorus de sa part. En revanche, son jeu a été impeccable, en offrant un tapis idéal aux soli de son sideman électrique (qui en a bien profité d’ailleurs). Je n’ai malheureusement pas reconnu ses guitares (au nombre de 4 me semble-t-il), toutes vraisemblablement sorties d’ateliers de luthiers.

Et je tenais à féliciter l’organisation du Paris Jazz Festival car c’était vraiment très bon à tous les niveaux. L’environnement est magnifique, la scène était parfaitement visible de partout, les places assises étaient relativement confortables, le son impeccable, ni trop faible ni trop fort et la balance des instruments parfaite. De plus, j’avais des voisins de concert agréables : Sémi de Muzicosphère et Pierre de la Chaine Guitare. Toujours agréable d’aller en concert avec vous les gars.

En conclusion, je dirais que ce concert dominical en plein air aura été une très agréable expérience, et je ne peux que vous conseiller de vous faire une opinion par vous-même en vous rendant cet été à un ou plusieurs concerts du Paris jazz festival. Surtout pour un prix défiant toute concurrence, les cinq euros demandés pour entrer dans le parc floral.

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