Comme c’est un réel plaisir que discuter avec les blogueurs guitare francophone, je continue ma petite série avec aujourd’hui la pierre angulaire du podcast guitare – et pour cause, c’est le seul et l’unique – j’ai nommé Pierre Journel. Il est aux commande de La Chaîne Guitare avec brio. Découvrez son interview ci-dessous…
BQG : Salut Pierre, aujourd’hui c’est l’arroseur arrosé ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Pierre : Je m’appelle Pierre Journel, je fais du podcast depuis Mars 2005. A l’époque c’était pour chroniquer ma vie d’immigré au Québec. Ça s’appelait Le Podcast de la Cabane au Canada, le PCC. Je faisais un épisode chaque semaine avec soundseeings et chroniques. C’est seulement une fois revenu en France en 2009 que je me suis dit que je devrait aussi lancer un podcast sur la guitare et c’est comme ça que j’ai démarré La Chaîne Guitare en mars 2009. Au début je pensais faire un épisode par mois et puis en fait, j’ai du augmenter la cadence tellement j’ai de matière à publier !
BQG : Dans le civil, tu exerces quelle activité ?
Pierre : Je suis ingénieur informatique de l’ISEP avec un MBA fait à HEC Montréal avec un parcours très teinté business et marketing ces dernières années.
BQG : Et tu bosses dans une société de rêve en plus, enfin pour les amateurs de festivals notamment…
Pierre : Depuis début mai j’ai quitté le monde du Corporate pour me lancer dans une nouvelle aventure reliée à l’Internet. Je ne travaille donc plus pour Heineken. Ce nouveau boulot me permettra d’exploiter mieux la triple compétence que j’ai l’odieuse prétention d’avoir Informatique/Business/Internet.
BQG : oh la !!! le choc ! Tu bosses où maintenant ? Fender ?
Pierre : Je suis maintenant Data & Community Manager pour All-Together une start-up qui démarre dans le domaine de la consommation collaborative.
BQG : Allez, question « Pierre Journel », ta première guitare ?
Pierre : C’était une guitare classique achetée chez Paul Beuscher à la Bastille ! Mon frère jouait de la guitare folk et je ne sais pas trop pourquoi il a dit à mes parents que c’était mieux de démarrer sur des cordes nylons. Il est vrai que c’est un pu plus soft sur les bouts de doigts encore tendres. Par contre la largeur du manche était un problème… Je suis passé sur une guitare folk Ibanez 1 ou 2 ans après.
BQG : Quand as-tu débuté ?
Pierre : Je devais avoir 13 ou 14 ans je pense. Y’a donc 31 ans… Ça ne nous rajeunit pas !
BQG : En effet, c’est mon âge, et aujourd’hui tu as de belles bêtes dans ton écurie je crois savoir…
Pierre : Disons que j’ai acheté régulièrement des guitares et que je ne les ai pas toutes revendues. 🙂 Je dois en avoir un peu plus d’une dizaine. Je sais c’est con mais à chaque fois il faut que je recompte. Pauvre de moi! Si je devais citer mes 4 favorites: ma Clapton achetée à New-York en 88, c’était les toutes premières guitares signatures. Je ne suis même pas sûr qu’on parlait de Custom Shop à l’époque. Ensuite, mon Ernie Ball Music Man Van Halen achetée d’occase à la naissance de notre 1er fils en 95. Ensuite ma PRS Custom 24 10 top Black Cherry achetée pour fêter la fin de mon MBA en 2003. Puis une autre PRS d’occase cette fois, une McCarty de 2005 que je suis allé cherché à Ottawa depuis Montréal. J’adore aussi une PRS Soapbar SE qui sonne d’enfer.
BQG : Tu aimes bien fêter des évènements avec une guitare on dirait, tu as plein d’enfants du coup…
Pierre : J’ai acheté une guitare à chaque naissance (nous avons 3 garçons). J’ai gardé les 3 marmots mais qu’une seule des 3 guitares!
BQG : et dans le lot ta petite préférée ?
Pierre : Si je devais en choisir une ce serait la Clapton qui est la plus universelle. C’est bien sûr un luxe d’avoir autant de belles guitares, passer de l’une à l’autre permet de découvrir et redécouvrir chaque instrument.
BQG : il faut avoir la place et une femme consentante
Pierre : Carole, mon épouse est extraordinaire pour ça. Elle m’en a d’ailleurs offert 2. C’est vrai que ça prend de la place mais accroché au mur c’est aussi très décoratif.
BQG : Tu en es à combien de podcasts guitare depuis tes débuts ?
Pierre : Oula!! Pour le PCC, plus de 270, pour La Chaîne Guitare 151 et pour La Chaîne Eléphant (un podcast sur Evernote) 42 ! C’est un média que j’adore comme tu t’en doutes.
BQG : mais où trouves-tu le temps de faire autant de podcasts surtout avec ton taff, 3 enfants, une femmes et en vivant à Paris… il y a un secret là, dis nous tout !?
Pierre : Je pense que c’est une question de choix et d’organisation. Je suis un fervent adepte de la méthode GTD (Getting Things Done) et je pense vraiment que ça m’aide beaucoup à mener de front plusieurs projets sans non plus passer à la trappe la vie de famille, personnelle et professionnelle. Le podcast est un hobby qui m’a énormément apporté en rencontres et expériences en tous genres. Jamais je n’aurais même pensé pouvoir développer La Chaîne Guitare à ce point. Comme je disais plus tôt, je pensais avoir du mal à sortir un épisode par mois et maintenant j’ai un stock d’interviews de plusieurs mois devant moi même si je sors un épisode par semaine!
BQG : Pour un podcast, ça représente combien d’heures de taff ? tu structures ça comment ?
Pierre : Pour un épisode de La Chaîne Guitare (qui est celui qui me demande le plus de temps) c’est environ 4 à 5 heures de boulot cumulé par émission. Il y a le temps pour préparer l’interview, pour la faire, pour monter l’émission, la publier et la diffuser sur les réseaux sociaux. Idem pour les soundseeings. Plus les petits déplacements parisiens pour aller rencontrer les artistes dans les salles de concerts ou les hôtels ou bien encore les luthiers dans leurs ateliers, etc. Une partie des interviews se fait par Skype ou téléphone aussi.
BQG : Pour ce qui est de la préparation, tu es souvent en improvisation totale, ça demande une bonne culture guitaristique pour entretenir le dialogue sans temps mort
Pierre : Improvisation totale non, disons que j’ai un canevas qu’on retrouve presque tout le temps (1ère guitare, influences, dates importantes, question sur l’album qui vient de sortir, etc.). J’écoute TOUJOURS la musique des artistes que j’interview, c’est même surtout comme ça que je prépare mes questions. Par contre pendant l’interview si je trouve un angle particulier qui est intéressant je continue de ce côté. Je ne « récite » pas mes questions. C’est la mort sinon car il n’y a plus de rythme dans l’interview et ça devient très chiant pour l’artiste.
BQG : tu as déjà interviewé pas mal de grands, très grands guitaristes par leur notoriété tout du moins, tu peux en citer quelques uns ?
Pierre : Steve Vaï, Paul Gilbert (2 fois même!), Nuno Bettencourt, Mattias Jabs, Poppa Chubby, Louis Bertignac, Pierre Bensusan, Lee Ritenour, Michel Haumont (3 fois même), Richie Kotzen tout récemment. Et tout un tas d’autres! Même moi j’en reviens pas quand j’énonce ce « palmarès ». Comme je dis souvent, je suis le premier auditeur de La Chaîne Guitare. Ce sont très souvent des idoles de jeunesses ces stars !
BQG : Belle brochette ! Tu aurais une anecdote à raconter; quelque chose qui ce serait produit lors d’une de tes interviews ?
Pierre : Y’en a tout plein oui! Lors de la 1ère interview de Popa Chubby qui a une réputation non usurpée d’avoir un sale caractère il me dit avant de commencer l’interview que si mes questions l’emmerdent il arrête l’interview et que j’ai 12 minutes max. Finalement on a du faire 22 minutes et tout s’est très bien passé. On a même fait une session vidéo plus tard ensemble et une 2ième interview. Il y a aussi la fois où j’ai appelé Steve Vaï au téléphone, que je lui dis que j’en reviens pas que je lui parle et qu’il me dit: « Yes, you are talking to Steve Vaï »!!! 🙂 Sur plus d’une centaine d’interview j’ai que de bons souvenirs en fait. Certaines se sont mieux passées que d’autres mais jamais eu de catastrophe ou de problème avec le musicien.
BQG : Et franchement, vaï que vaï , tu n’as pas un peu le trac avant de parler à un morceau du calibre de Steve Vaï, guitar hero s’il en est ?
Pierre : Tu rigoles! Une semaine avant le coup de fil fatidique je stressais à fond! Surtout au téléphone car ce sont les interviews les plus difficiles à faire car on n’a pas le non-verbal pour interpréter l’humeur de l’artiste. Il y a souvent aussi le son pas génial, le décalage éventuel de la voix, etc. Donc si le trac à fond ensuite le secret (s’il y en a un) est dans la préparation. Ensuite, c’est un passionné de guitare qui parle à un autre passionné de guitare donc les conditions de départ sont plutôt favorables.
BQG : Prochaines interviews à paraitre alors, qu’as tu dans tes cartons magiques ? J’ai cru entendre parler d’une émission spéciale blogueurs guitare 🙂
Pierre : C’est Secret Défense ça !
BQG : Secret Défonçe ! Yes !!!!
Pierre : Non, j’ai Steve Hackett, Arjen Lucassen, Walter Trout, Heike Matthiesen et aussi in french, Eric Sauviat, Renaud Louis-Servais et aussi des luthiers et des soundseeings tout prêts! Je te dis, des mois de stock d’émissions. 🙂 J’ai hâte de voir ce que va donner notre SKyplex blogueur guitare, il y a une communauté vraiment sympa. On échange très souvent et tout le monde y gagne au final. Y’aura jamais trop de blogueurs guitare même si je me sens un peu seul en tant que podcasteur !!
BQG : tiens d’ailleurs une question un peu polémique : les blogs guitares et ton podcast dans le lot bien sûr sont d’une qualité redoutable en général (je ne parle bien sur pas du mien dont je laisse le jugement aux lecteurs 🙂 N’es-tu jamais « surpris » de façon candide, de voir que les mag de gratte tradi n’en parlent jamais ?
Pierre : Ah bon y’a encore des gens qui les achètent ces journaux ??? Je blague à peine, ça fait DES ANNÉES que je n’ai pas acheté un canard de guitare. J’ai été abonné à Guitar Player (magazine US) longtemps mais j’ai arrêté car je n’avais plus vraiment le temps de tout lire et c’est bien dommage. Pour les magazine guitare en français, pour ce qui est du silence, j’imagine qu’il défende leur bout de steak qui se rétrécit de plus en plus… Dommage qu’ils ne pigent pas eux non plus le virage du web 2.0. Les deux supports pourraient très bien coexister avec un relais de leur contenu écrit mais comme ils n’y comprennent pas grand chose il ne faut pas s’étonner. J’ai fait quelques appels du pied via des contacts qui y travaillent et ça n’a jamais rien donné. Et pour donner quoi d’ailleurs?? C’est pas comme si ils contrôlaient l’Internet. hein!? Guitar Player fait des truc sympas là dessus, ils complètent leurs articles écrits par du contenu sur leur site, des renvois vers des pages YouTube, etc…
BQG : d’ailleurs du côté des fabricants aussi, ça frémi à peine, tu partages ce point de vue ?
Pierre : Oui les fabricants, à part Line6 qui est plutôt en pointe dans le domaine les autres sont à la rue ou presque. Et nous ici on a en plus à se coltiner les importateurs. J’ai bien souvent de meilleurs échanges directement avec les marques aux US qu’avec leurs soit-disant représentants locaux. Comme je croule sous les émissions à publier, j’ai arrêté de courir après les grandes marques, c’est seulement quand l’occasion se présente que j’essaye d’établir le contact. Il y a quelques temps j’avais fait un Skype avec un représentant officiel de Gibson pour l’Europe, rien à faire.
BQG : Pierre merci pour cette interview, merci du temps que tu consacres aux fans de gratte qui te suivent. As-tu un mot pour la fin, un message à faire passer ?
Pierre : A tous les lecteurs de blogs et auditeurs de podcasts: n’hésitez jamais à interagir avec ceux qui produisent du contenu de qualité. Même pour envoyer un petit mot, poster un commentaire, répondre à un tweet, retweeter, facebooker, etc. ça fait toujours plaisir et finalement c’est ça qui nous fait continuer en grande partie. Et si ça vous tente de participer plus pour écrire un blog post, enregistrer un feedback audio ou autre, hésitez encore moins!! Un des grand atouts du podcast c’est que justement cette interaction est possible et même souhaitée. Voilà ! Et longue vie au Blog Qui Gratte !
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