[Review] Philip Sayce Live au Réservoir le 26 mai 2010

par | 3 Juin 2010 | Concerts, Guitare

J’ai écouté la semaine dernière l’excellente interview de Philip Sayce faite par Pierre Journel de la Chaine Guitare. Entre autres choses, j’y ai appris qu’il passait en concert au Réservoir le 26 mai. Ni une ni deux, je contacte Pierre et il me trouve une petite place à ses côtés pour assister au spectacle.

Philip est un jeune guitariste (il est né le 3 juin 1976) d’origine Britannique, élevé au Canada et qui vit désormais aux Etats-Unis. Ça fait des kilomètres et ses inspirations reflètent ses voyages : Eric Clapton, Jeff Healey, Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan pour ne citer que les plus importantes. Donc biberonné au blues très jeune, ce n’est pas étonnant de l’avoir retrouvé pendant quelques années en tant que sideman du sus nommé Jeff Healey, mais aussi plus original, de Melissa Etheridge. Je vous laisse vous référer (en anglais) à la bio du fan club ou à celle de Wikipedia pour plus d’info (qui n’est pas foutue de donner sa date de naissance d’ailleurs …).
Je vais juste ajouter que dans le genre beau gosse, Philip se pose là, John Mayer peut se faire des cheveux blancs.

Le concert se passait donc au Réservoir, un club sympathique, que je classerai dans la même catégorie que les Bataclan, Elysée Montmartre et consorts, avec une touche d’Utopia. Bref, avec sa décoration vintage, ses peintures sur les murs, son grand escalier en colimaçon, son bar en vrai zinc, ses portes capitonnées et son mobilier rococo, il est sympa, cosy et petit. L’idéal pour une soirée de blues.

Après une petite bière, nous nous sommes placés près de la scène, à 2 mètres du micro et du pédalboard de Philip. Une bonne idée car Philip a passé pas mal de temps juste sous notre nez. L’idéal pour faire quelques photos et vidéos.

Les lumières s’éteignent et le show peut commencer. Le groupe se compose de deux musiciens en plus de Philip, bassiste (Joel Gottschalk) et batteur (Chris Jago). Tout de suite, on est dans l’ambiance, ça joue fort, très fort (la guitare passe dans deux amplis Fender, qui doivent être poussés assez loin car ils sont enfermés dans un écrin de plexiglas). Heureusement que j’ai mes bouchons, sinon je serais ressorti amoché.

Les deux premières chansons envoie le bois, on sent de suite les influences hendrixiennes de Philip, aucun doute là dessus. La Strato série L 1963 rugit, miaule, la fuzz fuzze, les bends fusent, du tout bon. Le chant n’est pas en reste, l’organe de Philip est bien plus qu’honorable, il maitrise sa voix qui plus est, ce qui n’est pas toujours le cas des guitaristes qui s’accompagnent.

Le son même puissant est excellent et c’est un vrai son de strat qui sort de ses doigts. Aussi bien en clair qu’en saturé, c’est propre, c’est incisif. Un vrai bonheur pour les oreilles. Et comme me l’à dit Pierre après le concert, ce qui est bien avec lui c’est qu’il sait sortir un son à la SRV quand il veut. Il met le switch sur « On » et c’est parti. Je dois dire que c’est vrai aussi pour Hendrix. Pratique ce genre de switch d’ailleurs, il faudrait que je m’en trouve un 😉

Le reste de la setlist ne fera pas mentir ce début de concert. Je ne connais pas le titre des chansons, mais je pense que le répertoire de ce soir là était composé exclusivement de chansons composées par Philip, majoritairement extraites de son nouvel album Innerevolution, sauf le rappel (un très bon « As The Years Go Passing By », dédié à Jeff Healey, dédicace qu’ils font à la mémoire de ce fabuleux guitariste, trop tôt disparu, tous les soirs apparemment).

Pour finir sur le concert, je ne peux pas omettre de parler du jeu de scène de Philip. C’est bien simple, il nous a tout fait, sauf jouer derrière la tête ou dans le dos : la guitare à plat, il est descendu dans le public, il a joué sur les ressorts de sa guitare (!!! voir photos), avec les dents, avec un verre pris à un spectateur, il a arraché les cordes à la fin du concert, régulièrement il trouvait le feedback des amplis. Toute la panoplie du guitar hero passée en revue, et tout ça sans avoir l’impression que ce soit forcé. Il prend du plaisir à jouer, c’est évident, donc il part ailleurs par moment.

D’ailleurs, il se donne tellement qu’il était littéralement trempé tout le long du concert. Il n’y a guère que Popa Chubby que j’ai vu suer autant. Il avait les mains qui dégoulinaient de sueur, ça ne doit pas être facile de jouer dans ces conditions.

Et voici une petite vidéo de Philip prise avec mon APN.

Pour finir, comme nous sommes sur un blog de guitaristes, je vais m’attarder un peu sur le magnifique instrument qui n’a quitté ses mains que l’espace d’une seule chanson sur toute la longueur du concert (d’une heure trente environ), une magnifique Strat série L de 1963 couleur crème.

Mis à part la Number One de SRV, j’ai rarement vu une guitare aussi amochée que celle-ci. La peinture est bien esquintée au niveau de l’emplacement du bras droit et au dessus des micros. D’ailleurs on voit par endroits apparaitre une couche rouge. Je ne sais pas s’il s’agit d’une sous couche ou si la gratte a été fiesta red à un moment ?
Au dessus des micros, le bois est littéralement entamé par des années de jeu intensif, très intensif même. On a l’impression qu’une défonceuse est passé à plusieurs reprises sur le bois, laissant trois ou quatre vagues de rainures. Impressionnant.
Je vous passe la touche sur laquelle manquent des dots et le coloris bien vintage de la plaque et des micros. Cette gratte est tout simplement la candidate idéale pour servir de base à un modèle hard relic du Custom Shop Fender !!
Ah, j’oubliais aussi le fait qu’il y a quelques mois, elle s’est brisée en 2 morceaux après un léger laisser aller de Philip : à la fin d’une chanson, elle a heurté sa pédale wha wha. Heureusement le gig en question était un Special Event Fender auquel assistait la crème des luthiers du Custom Shop Fender. La belle fut recollée dans la nuit. Efficacité !! On voit nettement la cicatrice sur le corps. Je pense que Philip s’en serait voulu à mort, cette guitare il y tient comme à la prunelle de ses yeux, il l’appelle d’ailleurs Mother, ça veut tout dire. Pour plus de détails, allez écouter le Podcast de Pierre, si vous parlez anglais vous allez vous régaler.

Pour conclure, j’ai passé une très bonne soirée, en bonne compagnie, avec de la bonne musique. Allez jeter un coup d’oeil aux deux cd de Philip, vous ne serez pas déçus si vous aimez le blues, le rock et la guitare.

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Si vous voulez voir plus de photos, allez sur mon Flickr, il y en a quelques unes de plus.

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